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  • Photo du rédacteurclaire.daull

J’ai testé pour vous : la vie sans smartphone ;)

Au départ, ça n’avait rien d’un challenge ou d’un projet bien structuré. Adepte de la décroissance et de la consommation raisonnée, je ne suis pas du genre à changer mes outils technologiques dès la nouvelle mise à jour système. Mon smartphone, je l’avais même acheté d’occasion, histoire de donner une seconde vie à un objet voué à une disparition rapide. Manque de bol, l’obsolescence, elle m’est tombée dessus pendant mes vacances d’été. Est-ce que mon petit bijou de technologie n’a pas supporté ces dix jours de ballottement dans mon sac à dos à l’affût d’un hypothétique réseau ?

  • Passer au « Fair », pas une mince affaire !

Quoiqu’il en soit, il a vécu une lente agonie avant de rendre l’âme une bonne fois pour toutes. L’aurais-je poussé à bout ? Pas dans ma pratique quotidienne pensai-je.

Et puis, heureux hasard, la marque de téléphone la plus éthique au monde allait sortir son bijou version N° 3 fin septembre. L’occasion rêvée de passer au « Fair ».

Ni une ni deux, je commande le Saint-Graal, même si j’ai déjà conscience qu’avant d’être en possession de l’outil il me faudra patienter quelques semaines. Victime de son succès, la commande se fait attendre et les semaines se transforment en mois ! En pratique, je dois trouver une solution pour rester joignable durant ce laps de temps. Toujours dans l’esprit minimaliste, je porte mon dévolu sur une chose qui s’appelle déjà téléphone portable, mais qui n’a plus rien à voir avec l’appellation contemporaine. Vous savez, le genre d’outils utilisé au siècle - que dis-je - au millénaire dernier : des touches en relief, un écran de 4 x 5 cm (la surface de 4 timbres avec Marianne). Bref, la simplicité même ! Ça fera l’affaire.

  • Ça change la vie ?

Très rapidement je découvre l’impact de la déconnection et je m’interroge : Comment signaler au monde entier que je suis encore là, mais plus joignable par ce biais ? Que ma réactivité en a pris pour son grade ? Qu’il y a 10 000 messages dont je n’ai pas eu connaissance ? Un rapide bilan : au bout de quelques semaines je me rends compte que j’ai manqué une ou deux invitations, que je ne suis plus forcément informée dans les temps de tous ces événements immanquables où finalement je ne me rendais pas.

  • Hep, j’existe !

Le plus dur à gérer : WhatsApp. Un réseau de proximité. Tes interlocuteurs pensent forcément que tu as lu leur message, même dans un groupe. Une bonne leçon de (non) communication : ça n’est pas parce que tu as posté un message sur un réseau qu’il va obligatoirement être vu et lu par toute ta sphère proche ou lointaine.

Insta, j’aimais tant caresser du bout des doigts mon écran et faire défiler ces images si parfaites ou ces sentences pleines de bon sens. On côtoie les plus grands, les plus influents. Et puis, surtout : on a l’impression d’en être. Moi aussi je suis une créative plumitive et poète à mes heures ! Et vous aimez ça puisque vous me likez. Et puis on se rend compte que sans rien publier, les like contituent à tomber. Un peu moins c’est certain mais sans grand intérêt. Je découvre aussi que quand je pose un message pro via Facebook et qu’il est relayé sur Insta, les like tombent à l’identique. Y a-t-il des likeurs pros ? Des fanatiques du clic qui tirent sur tout ce qui bouge… ou ne bouge plus ? Car en fait, parmi tous ces suiveurs ou autres abonnés, qui se serait soucié de l’arrêt de mon existence réelle ?

Sans prétention, j’ai mauvaise réputation… ou pas.

Twitter, je t’avais lâchement abandonné avant, bien avant : trop de flux tue le flux. Jamais trouvé ma place là-dessus. Pinterest t’es pas en reste : abandonné sans quartier tu me relances régulièrement pour m’informer qu’on m’a aimé. Linked In me fait des clins d’œil par mail interposé. Vous avez un message de Bidule. Untel a posté un article super intéressant, félicitez Toto pour son nouveau poste de super pro chez Machpro. Allez quoi réagissez on ne vous voit plus assez ! Attention, sans réaction rapide de votre part vous allez disparaître définitivement de tous vos réseaux virtuels. Plus de validation sociale, le vide intersidéral. Alors oui, c’est un peu vrai. On n’est plus vraiment sûr de maîtriser sa visibilité. Mais l’a-t-on jamais fait ? J’y étais, là où je croyais exister ? Ai-je réellement une réputation à construire ? Une présence virtuelle à maintenir ?

  • Sans filtre

Pour un moment, le hamster dans sa cage a fini de tourner. Plus grand-chose à prendre ou à donner par smartphone interposé. Ça change quoi ? Une respiration, un temps retrouvé. Pour ressentir, observer. Ces moments avant une réunion quand les participants le nez rivé sur leur portable évitent tout contact visuel. Et puis quand l’attention baisse, les smartphones réapparaissent. Idem à la fin pour être sûr de ne pas être passé à côté de l’info de la journée : on sort sans se regarder. Ceux qui partagent ce qu’ils mangent avec d’autres bien loin mais qui évitent la conversation du convive d’à côté. Ceux qui sourient à leurs selfies mais qui oublient dans la vraie vie… sans filtre.

  • Et après ?


Dans quelques semaines je vais reprendre le fil de mon existence archi connectée. Très vite, l’animal social que je suis va se faire rattraper. C’est bien connu, pour exister il faut com-mu-ni-quer ! Oui mais pourquoi ? Pour qui ? Comment ? À qui ? Pour dire quoi ? Et si je tournais 7 fois mon doigt dans ma poche avant de commenter ? Et si je prenais le temps de décider ce que je veux vraiment lire ou regarder ? Faire bon usage du temps qui m’est imparti et que j’ai tant de mal à maîtriser. Accepter mon besoin quotidien de dopamine et de plaisir à la demande. Savoir prendre sa dose de réseau social comme on prend un carreau de chocolat : juste pour le plaisir mais sans finir la tablette. Ne pas avoir peur du vide : il est rempli de sens. Laisser du temps pour mon cerveau disponible. Peut-être une idée, une émotion, une parcelle de vie auront la place de s’y loger.



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